Mystère joyeux
1.L'Annonciation 
L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth  
(Lc 1, 26)

Recevoir la grandeur de l'humilité

Ici, l'ange du Seigneur visita  la plus petite, la dernière des créatures...Ici, le Verbe, la seconde Personne de l'adorable Trinité, s'est incarné par l'opération du Saint-Esprit,et pendant neuf mois Il est demeuré caché aux yeux des mortels.

Ô Jésus, t’abaissant vers la Vierge Marie,
Tu voilas ta grandeur et ta gloire infinie!
Ah! du sein maternel
Qui fut ton second ciel,
Rappelle-toi!

C'est l'humilité de Marie
Qui attira le divin Roi,
C'est l'humilité de ta vie 
Qui le fait s'abaisser à toi!

Oh! je t'aime, Marie te disant la sevante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité.
Cette vertu cachée te rend toute-puissante
Elle attire en toi la Sainte Trinité.

Ah! restons donc bien de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d'esprit et Jésus viendra nous chercher: si loin que nous soyons ils nous transformera en flammes d'amour.

Cependant << la voie de l'homme n'est pas en son pouvoir >> et parfois nous nous surprenons à désirer ce qui brille. Alors, rangeons-nous humblement parmi les imparfaits, estimons-nous de petites âmes qu'il faut que le Bon Dieu soutienne à chaque instant; dès qu'il nous voit convaincues de notre néant Il nous tend la main; si nous voulons encore essayer de faire quelque chose de grand même sous prétexte de zèle, le bon Jésus nous laisse seules,<< mais dès que j'ai dit: mon pied a chancelé, votre miséricorde, Seigneur, m'a affermi! >> Oui, il suffit de s'humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie sainteté! Prenons-nous par la main et courons à la dernière place.

                                      Tu me le fais sentir, ce n'est pas impossible
                                      De marcher sur tes pas, ô Reine des élus!
                                      L'étroit chemin du ciel, tu l'as rendu visible
                                     En pratiquant toujours les plus humbles vertus.
                                     Auprès de toi, Marie, j'aime à rester petit,
                                     
Des grandeurs d'ici-bas je vois la vanité.  

Ne croyez pas que ce soit l'humilité qui m'empêche de reconnaître les dons du Bon Dieu, je sais qu'il a fait en moi de grandes choses et je le chante chaque jour avec bonheur.Je me souviens que celui-là doit aimer davantage à qui l'on a plus remis, aussi je tâche de faire que ma vie soit un acte d'amour.

Ah! la bonté, l'amour miséricordieux de Jésus sont peu connus! Il est vrai que pour jouir de ces trésors, il faut s'humilier, reconnaître son néant , et voilà ce que beaucoup d'âmes ne veulent pas faire.

Quand même j'aurais accomplis toutes les œuvres de saint Paul, je me croirais encore << serviteur inutile >> , mais c'est justement ce qui fait ma joie ,car n'ayant rien, je recevrai tout du Bon Dieu.


                                       2. La Visitation 
En ces jours -là Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays.( Lc 1,39)

           Recevoir l'empressement de la charité.


Chez sainte Elisabeth, recevant ta visite,
J'apprends à pratiquer l'ardente charité.

Là j'écoute, ravie, douce Reine des anges
Le cantique sacré qui jaillit de ton coeur.
     tu m'apprends à chanter les divines louanges
A me glorifier en Jésus mon Sauveur.
Tes paroles d'amour sont de mystiques roses
Qui devront embaumer les siècles à venir.

La charité, voilà ma seule étoile;
A sa clarté je vogue sans détour.
J'ai ma devise écrite sur ma voile:
       Vivre d'amour! 

     Vivre d'amour, c'est naviguer sans cesse,
       Semant la paix, la joie dans tous les coeurs.

Il faut se hâter de courir aux œuvres de charité.

Le Bon Dieu m'a fait la grâce de comprendre ce que c'est que la charité; avant je le comprenais, il est vrai, mais d'une manière imparfaite; je n'avais pas approfondit cette parole de Jésus: < Le second commandement  est semblable au premier: tu aimeras ton prochain comme toi- même >>. Je m'appliquais surtout à aimer Dieu, et c'est en l'aimant que j'ai compris qu'il ne fallait pas que mon amour se traduise seulement par des paroles, car <<Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de Dieu>> Mt 7, 21

Je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s'étonner de leurs faiblesses, à s'édifier des plus petits actes de vertus qu'on leur voit pratiquer. (...) Me souvenant que la charité couvre la multitude des péchés, je puise à cette mine féconde que Jésus a ouverte devant moi.

Je vous assure que la charité n'est pas comprise sur la terre, et pourtant, c'est la principale des vertus. Quand on est bien malade du corps, tout le monde s'emploie à vous soulager.(...) Ah! pourquoi ne faisons- nous pas la même chose pour les maladies spirituelle de nos sœurs? (...) Si une sœur est malade spirituellement, désagréable en tout, tout le monde s'en éloigne, on la
regarde d'un mauvais œil , et au lieu de chercher à la soulager, c'est à elle quand lancera parfois des paroles blessantes, à elle qui est sans force et incapable de les supporter!(...) Eh bien! c'est aux âmes malades que je veux réserver mes sourires, mon affections et mes délicatesses, voilà où
je me trouve la vraie charité.

Oh! que le Bon Dieu est miséricordieux pour les âmes imparfaites! (...) Il nous faut donc agir comme le Bon Dieu , déployer toutes nos délicatesses et nos prévenances pour les âmes imparfaites.

Jamais  de paroles dures, de ton dur ; ne prenez jamais un air dur, soyez toujours douce Cité par Sr M. de l'Euch. ( 11.09.1897)

La charité fraternelle, c'est tout sur la terre. On aime le Bon Dieu dans la mesure où on la pratique.


                      3.La Nativité
Marie l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche
                 parce qu'il n'y avait pas de place pour eux à l'hôtellerie!  (Lc 2, 7)
                                        
                         Recevoir le Dieu Enfant. 

                                        Ô Joseph et Marie! 
                                        Je vous vois repoussés de tous les habitants;
                                        Nul ne veut recevoir en son hôtellerie
                                        De pauvre étrangers, la place est pour les grands!
                                        La place est pour les grands, et c'est dans une étable
                                        Que la Reine des cieux doit enfanter son Dieu.
                                        Ô ma mère chérie, que je te trouve aimable,
                                        Que je te trouve grande en un si pauvre lieu!

     Jésus est né dans une étable;
     Jésus, le Fils du Dieu vivant,
     A voilé sa gloire ineffable
     Sous les traits d'un petit enfant.
     Une crèche formant son trône,
     Il n'avait point de sceptre d'or.
     On ne voyait point de couronne
     Ni rien qui brillât au dehors!

   Les séraphins ne pouvaient croire
    Que Dieu si bas fût descendu.
    Ils voulaient couronner de gloire,
    Le grand Roi qu'ils avaient perdu!
    Mais l'Enfant Jésus dans les langes,
    Plutôt que la grande clarté,
    Plutôt que l'ardeur de ses anges,
    A préféré l'humilité.
En descendant ainsi, le Bon Dieu montre sa grandeur infinie.


        Qui donc comprendra ce mystère:
        Un Dieu se fait petit enfant ?...
        Lui, l'Éternel, le Tout - Puissant!

       L'amour, voilà l'ineffable mystère
       Qui t'exila du céleste séjour.
       Mon Bien - Aimé, mon divin petit frère,
       Dans ton regard je vois tout l'avenir.

Ô doux Jésus! pourquoi déjà parler de l'avenir?
Tu n'es encore qu'un petit enfant d'un jour. 
Ah! laisse-moi chanter 
tes charmes et ta douceur.
Quelle est la lyre
Aux doux accent
Qui pourra dire
      Tes charmes ravissants? 
Que ton sourire est ravissant
     Lorsque tu sommeilles!
     Toujours avec mon plus doux chant,
     Je veux te bercer tendrement,
                 Bel Enfant !
 Quand je vois l'immortel enveloppé de langes.
Quand du Verbe de Dieu, j'entends le faible cri,
Ô ma mère chérie, je n'envie plus les anges
Car leur puissant Seigneur est mon frère chéri !

Qu'il est grand le bonheur, de l'humble créature,
Les séraphins voudraient, dans leurs ravissements
Délaisser, ô Jésus ! l'angélique nature
              Et devenir enfants !


4. La Présentation au Temple
 
 Ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. (Lc 2, 22)

Recevoir la joie de l'offrande 

Pourquoi dire, à propos des paroles prophétiques du vieillard Siméon que la sainte Vierge,à partir de ce moment-là a eu constamment devant les yeux la Passion de Jésus? << Un glaive de douceur transpercera vôtre âme >>, (Lc 2, 45) avait dit le vieillard. Ce n'était donc pas pour  le présent. (...) C'était une prédication pour l'avenir.

Au lieu de mépriser les joies pures et saintes,
Tu veux les partager, tu daignes les bénir.

Je t'aime, te mêlant avec les autres femmes,
Qui, vers le temple saint ont dirigé leurs pas.
Je t'aime, présentant le Sauveur de nos âmes.

                         Au bienheureux vieillard qui le presse en ses bras. 

Je me suis offerte à Jésus afin qu'il accomplisse parfaitement en moi sa
volonté sans que jamais les créatures y mettent obstacle.
Je veux, ô mon Bien-Aimé à chaque battement de mon coeur vous renouveler cette offrande un nombre infini de fois, jusqu'à ce que les ombres s'étant évanouies, je puisse vous redire mon amour dans un face à face éternel ! 

Comment une âme aussi imparfaite que la mienne peut-elle aspirer à posséder la plénitude de l'amour?
Ô Jésus! mon premier, mon seul ami, toi que j'aime uniquement, dis-moi quel est ce mystère? Pourquoi ne réserve-tu pas ces immenses aspirations aux grandes âmes?

Je ne suis qu'une enfant, impuissante et faible (...); les œuvres éclatantes
lui sont interdites. (...)Mais comment témoignera-t 'il son amour puisque l'amour se prouve par les œuvres? Eh bien! le petit enfant jettera des fleurs, il embaumera de ses parfums le trône royal, il chantera de sa voix argentine le cantique de l'amour. 

Oui, mon Bien-Aimé, voilà comment se consumera ma vie: je n'ai d'autre moyen de te prouver mon amour, que de jeter, c'est-à-dire (...) de profiter de toutes les plus petites chose et de les faire par amour.

Vous voyez que je ne suis qu'une très petit âme qui ne peut offrir au Bon Dieu que de très petites choses.

Je m'appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n'ayant pas la facilité d'en pratiquer de grandes.

Toutes les pénitences corporelles ne sont rien, mises en balance avec la charité.

Le mérite ne consiste pas à faire ni à donner beaucoup, mais plutôt à recevoir, à aimer beaucoup,(...) et l'âme qui se livre entièrement à lui est appelée par Jésus lui-même : sa mère, sa sœur et toute sa famille.
                            Mon seul amour, c'est toi, Seigneur!...
                            Tu veux mon cœur, Jésus,je te le donne .
                            Tous mes désirs , je te les abandonne. 

  5. Le Recouvrement au Temple 

L'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents  (Lc 2,43)

Recevoir la sagesse d'une vie simple
A Jérusalem, une amère tristesse
Comme un vaste océan, vient inonder ton cœur;
Jésus, pendant trois jours se cache à ta tendresse! 
Enfin tu l'aperçois et la joie te transporte;
Tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs:
<<Ô mon Fils, pourquoi agis-tu de la sorte,
Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs.>>
Et l'Enfant Dieu répond (oh! quel profond mystère!)
A la mère chérie qui tend vers lui ses bras:
<< Pourquoi me cherchiez-vous? 
Aux œuvres de mon Père Il faut que je m'emploie, 
ne le savez-vous pas? (Lc 2, 49)
 
    Aux affaires du ciel, daigne me rendre habile:
      Montre-moi les secrets cachés dans l'Evangile.
Ah! que ce Livre d'or
Est mon plus cher trésor,
 Rappelle-toi!  
  
l'évangile m'apprends que, croissant en sagesse,
A Joseph, à Marie, Jésus reste soumis.
Et mon cœur me révèle avec quelle tendresse
Il obéit toujours à ses parents chéris.
Maintenant, je comprends le mystère du temple,
Les paroles cachées de mon aimable Roi:
Mère, ton doux enfant veut que tu sois l'exemple
De l'âme qui te cherche en la nuit de la foi.

Je suis sûre que la vie réelle de ( Marie ) devait être toute simple.On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable,faire ressortir ses vertus, dire qu'elle vivait de foi comme nous, en donner les preuves par l'Evangile où nous lisons: <<  Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait >>. Et cette autre, non moins mystérieuse:<< Ses  parents étaient dans l'admiration de ce q'on disait de lui >>. Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

 Je sais qu'à Nazareth, mère pleine de grâces,
 Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus!
 Point de ravissements, de miracles, d'extases
 N'embellissent ta vie, ô Reine des élus!
 Le nombre des petits est bien grand sur la terre:
 Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux!
 C'est par la voie commune, incomparable mère,
 Qu'il te plaît de marcher pour les guider aux cieux.

Et le bon saint Joseph, (...) je le vois raboter, se fatiguer!
(...) Oh! combien on serait étonné si l'on savait tout ce qu'il
a souffert pour nourrir et protéger Jésus et Marie !
Ce qui me fait du bien quand je pense à la sainte Famille,
c'est de m'imaginer une vie toute ordinaire, et non pas toute les merveilles que l'on raconte et que l'on suppose.
  Oui, la vie cachée m'est plus chère
  Que toute la gloire des cieux!
    Ma paix est dans la solitude;
    Je ne demande rien de plus!
    Te plaire est mon unique étude.
    Et ma béatitude,
    C'est toi, Jésus.



Le Rosaire 
Textes de Thérèse de Lisieux
ISBN:2-9520377-4-4 -D.L mars 2005