Mystères Glorieux

                           La Résurrection

Je suis la Résurrection, qui croit en moi, fût-il mort, vivra (Jn 11,25)
Recevoir la lumière de la foi
Il ressuscitera,
Pour toujours il règnera!...
Je te vois rayonnant
Et déjà triomphant!
Rappelle- toi qu'au jour de ta victoire,
Tu nous disais: << Celui qui n'a pas vu 
Le Fils de Dieu rayonnant de gloire,
Il est heureux, si quand même il a cru >> !
Je jouissais alors d'une foi si vive, si claire, que la pensée du ciel faisait tout mon bonheur; je ne pouvais croire qu'il y eût des impies n'ayant pas la foi. Je croyais qu'Ils parlaient contre leur pensée en niant l'existence du ciel.(...) Aux jours si joyeux du temps pascal, Jésus m'a fait sentir qu'il y a véritablement des âmes qui n'ont pas la foi, qui par l'abus des grâces perdent ce précieux trésor, source des seules joies pures et véritables. Il permit que mon âme fur envahie des plus épaisses ténèbres. 

Il me semble que les ténèbres, empruntant la voix des pécheurs me disent en se moquant de moi : << tu rêves la lumière, une patrie embaumée des plus suaves parfums, tu rêves la possession éternelle du Créateur de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui t'environnent, avance, avance, réjouis- toi de la mort qui te donnera non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant.

Si vous juger d'après les sentiments que j'exprime dans les petites poésies que j'ai composées, ( ...)
Je dois vous sembler une âme remplie de consolations et pour laquelle le voile de la foi s'est presque déchiré, et cependant, ce n'est pas un voile pour moi, c'est un mur qui s'élève jusqu'aux cieux couvre le firmament étoilé.Lorsque je chante le bonheur du ciel, l'éternelle possession de Dieu , je n'en ressens aucune joie, car je chante simplement ce que je veux croire.

Que Jésus me pardonne , si je lui ai fait de la peine, mais il sait bien que tout en n'ayant pas la jouissance de la foi, je tâche au moins d'en faire les œuvres. Je crois avoir fait plus d'actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie.

Je cours vers mon Jésus; (...) je lui dit que je suis heureuse de ne pas jouir de ce beau ciel sur la terre afin qu'il l'ouvre pour l'éternité aux pauvres incrédules.

C'est une grande épreuve de voir tout en  noir, mais cela ne dépend pas de vous complétement, faites ce que vous pourrez, (...) puis soyez sûre que Jésus fera le reste; il ne pourra permettre que vous tombiez dans le bourbier redouté. Consolez- vous, au Ciel vous ne verrez plus tout en noir, mais tout en blanc! Oui, tout sera revêtu de la blancheur divine de notre Epoux, le Lys des Vallées.Ensemble nous le suivrons partout où il ira.

Je veux rester dans une paix profonde,
Mais pendant ton sommeil,
Jésus, pour le réveil,
Prépare- moi!

Un jour mon corps sortira de la poussière, il viendra se réunir à mon âme, il vous verra et possédera vous- même, Seigneur!

L'ASCENSION
Et quand je serai allé vous préparer une place,
je reviendrai vous pendre avec moi! ( Jn 14,3 )
Recevoir l'espérance du ciel.

Bientôt(...) je te contemplerai montant glorieux à la droite du Père.Alors tous les anges seront dans l'allégresse; ils s'empresseront d'ouvrir les portes éternelles pour te recevoir, ô Roi de gloire ! Mais que deviendront les pauvres exilés de la terre? Seront-ils toujours orphelins?

<< Je remonterai vers mon Père
afin d'attirer mes élus;
après l'exil de cette terre,
en mon cœur ils seront reçus >> !

Jésus est allé devant afin de nous préparer une place en la maison de son Père et puis il reviendra et il nous prendra avec lui, afin que là  où il est nous le soyons aussi.Attendons, souffrons en paix, l'heure du repos approche, les légères tribulations de cette vie d'un moment produisent en nous un poids de gloire.

Ah! ne refusons pas de pleurer avec lui pendant un jour puisque nous jouirons de sa gloire pendant une éternité!
Lorsqu'en mon cœur s'élève la tempête,
Vers toi, Jésus, je relève la tête!
Oh! qu'il est doux de penser que nous voguons vers l'éternel rivage! (...) Cette pensée de la brièveté de la vie me donne  du courage, elle m'aide à supporter les fatigues du chemin.Qu'importe, dit l'Imitation un peu de travail sur la terre...Nous passons et n'avons point ici de demeure permanente!

La joie ne se trouve pas dans les objets qui nous entourent, elle se trouve au plus intime de l'âme; on peut aussi bien la posséder dans une prison que dans un palais.

La certitude d'aller un jour loin du pays triste et ténébreux m'avait été donné dès mon enfance; non seulement je croyais d'après ce que j'entendais dure aux personnes plus savantes que moi, mais encore je sentais au fond de mon cœur des aspirations  vers une région plus belle.De même que le génie de Christophe Colomb lui fit pressentir qu'il existait un nouveau monde alors que personne n'y avait songé, ainsi je sentais qu'une autre terre me servirait un jour de demeure stable.

Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu'aux traces qu'il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu'elles sont embaumées ! Je n'ai qu'à jeter les yeux dans  le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. Ce n'est pas à la première place avec les Pharisien, je répète, remplie de confiance, l'humble prière du Publicain.

Il faut dire au Bon Dieu: << Je sais bien que je ne serai jamais digne de ce que j'espère, mais je vous tends la main comme une petite mendiante et je suis sûre que vous m'exaucerez pleinement, car vous êtes si bon >>

Nos pensées doivent se porter au ciel puisque c'est là la demeure de Jésus!

Quand donc te verrai- je sur le trône de ta gloire? Jésus, je voudrais que ton règne arrive, que tous les élus paraissent bientôt dans les airs, volant au- devant de toi , alors qu'un ange aura dit: << Il n'y a plus de temps >>


Pentecôte 
Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu...
Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint.  ( Ac 2,3-4 )
Recevoir le feu de l'Esprit

Je m'étais préparée avec beaucoup de soin à recevoir la visite de l'Esprit Saint , (...) Ah! que mon âme était joyeuse, comme les apôtres , j'attendais la venue de l'Esprit Saint...Enfin l'heureux moment arriva ; je ne sentis pas un vent impétueux au moment de la descente du Saint Esprit, mais plutôt cette brise légère dont le prophète Elie entendit le murmure sur le mont Horeb.
En ce jour , je reçu la force de souffrir.

Ah! tu le sais , divin Jésus, je t'aime;
L'Esprit d'amour m'embrase de son feu;
C'est en t'aimant que j'attire le Père.
Mon faible cœur le garde sans retour.
Ô Trinité! vous êtes prisonnière
De mon amour!

Ah! Comme il est bien impossible de se donner soi- même de tels sentiments! C'est le Saint- Esprit qui les donne, lui <<  qui souffle où il veut  >> . Nous ne savons rien demander comme il faut mais c'est l'Esprit qui demande en nous avec de  gémissements qui ne se peuvent  exprimer ( Rm 8, 26 ).
Nous n'avons donc qu'à livrer notre âme, à l'abandonner à notre grand Dieu.Qu'importe alors, qu'elle soit sans dons qui brillent à l'extérieur puisqu'au- dedans le Roi des rois avec toute sa gloire.

Je demande à Jésus de m'attirer dans les flammes de son amour, de m'unir si étroitement à lui, qu'il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l'amour consumera mon cœur , plus je dirai: << Attirez- moi >> , plus aussi les âmes qui s'approcheront de moi ( pauvre petit débris de fer inutile, si je m'éloignais du brasier divin ), plus ces âmes courront avec vitesse à l'odeur des parfums de leur Bien- Aimé, car une âme embrasée d'amour ne peut rester inactive, sans doute comme sainte Madeleine elle se tient aux pieds de Jésus, elle écoute sa parole douce et enflammée.

Flamme d'amour, consume- moi sans trêve !
Amour qui m'enflamme,
Pénètre mon âme!
Viens, je te réclame,
Viens ,consume- moi!
De sa céleste flamme,
le lumineux rayon
Fait naître dans son âme
Le parfait abandon
Flamme divine, ô très douce  fournaise!
En ton foyer je fixe mon séjour.
C'est en tes feux que je chante à mon aise:
Je vis d'amour ! 

Il n'y a que la charité qui puisse dilater mon cœur, ô Jésus; depuis que cette douce flamme le consume, je cours avec joie dans la voie de votre commandement nouveau. Je veux y courir jusqu'au jour bienheureux où, m'unissant au cortège virginal, je pourrai vous suivre dans les espaces infinis, chantant votre cantique nouveau qui doit être celui de l'amour.

Et le feu de l'amour qui consume  mon âme
Ne s'éteindra jamais! 


L'Assomption de Marie 

Viens donc, ma bien -aimée,
ma belle , viens !  ( Ct 2, 10 9
Recevoir la récompense de l'amour
 Seule la Vierge immaculée se présente absolument pure devant la Majesté divine.

Mère, en te contemplant, je me plonge ravie
Découvrant dans ton cœur des abîmes d'amour.
 Pour moi, la seule chose qui me purifie, c'est le feu de l'amour divin.
Quand on aime il ne peut y avoir de purgatoire!

Céleste Patrie,
Joies de l'autre vie,
Vous n'êtes que l'amour! 
Il me semble maintenant que rien ne m'empêche de m'envoler,  car je n'ai plus de grands désirs si ce n'est celui d'aimer jusqu'à mourir d'amour.

Ah!
donne-moi ,Jésus de blanches ailes
Pour que vers toi, je prenne mon essor;
Je veux voler aux rives éternelles,
Je veux te voir , ô mon divin Trésor !

Ce n'est pas la mort qui viendra me chercher, c'est le Bon Dieu .
La mort, ce n'est pas un fantôme, un spectre horrible, comme on la représente sur les images.
Oh! la Patrie...la Patrie ! Que j'ai soif du ciel, là on aimera Jésus sans réserve!

Une seule attente fait battre mon cœur, c'est l'amour que je recevrai et celui que je pourrai donner.

Mon Bien-Aimé, ta douce voix m'appelle.
Viens , me dis- tu, déjà l'hiver a fui!
Pour toi commence une saison nouvelle,
Enfin le jour va remplacer la nuit.
Lève les yeux vers la sainte Patrie
Et tu verras sur des trônes d'honneur
Un Père aimé...une mère chérie...
Auxquels tu dois ton immense bonheur!

Oh! comme les paroles de la Sagesse éternelles répandent la paix en mon âme! Est il bien vrai que j'aurai le bonheur de voir Dieu et de partager les délices des saints ?

Là il n'y aura plus de jour ni de nuit mais le Face de Jésus fera régner une lumière sans égal.

Il dit qu'au dernier jour il essuiera toutes larmes de leurs yeux, et sans doute, plus il aura de larmes à essuyer plus la consolation sera grande !

Alors nous comprendrons le prix de la souffrance et de l'épreuve; comme Jésus nous redirons :<< Il était véritablement nécessaire que la souffrance nous éprouvât et nous fit parvenir à la gloire >>

Je  ne me repends pas de m'être livrée à l'Amour.
Mon Dieu sera ma grande récompense:
Je ne veux point posséder d'autres biens!


Le couronnement de Marie 
Tous se rassemblent et viennent à toi  ( Is 60,4 9
Recevoir la tendresse de Marie 

En toi le Tout- Puissant a fait de grandes chose,
Je veux les méditer afin de l'en bénir ! 
Oh! J voudrais chanter, Marie, pourquoi je t'aime,
Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon coeur,
Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
Ne saurait en mon âme inspirer de frayeur.
Si je te contemple dans ta sublime gloire,
Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux,
Que je suis ton enfant, je ne pourrais le croire,
Ô Marie, devant toi, je baisserai les yeux! 
Ah!
la Sainte Vierge !
Ah! que pourrai-je  vous en dire ?
C'est ma mère!

La plus miséricordieuse des mères!
Près de vous, ô ma tendre mère,
J'ai trouvé le repos du cœur. 

 Quelle joie de penser que cette Vierge est notre mère. Puisqu'elle nous aime et qu'elle connaît notre faiblesse, qu'avons- nous à craindre ?

J'aime tant la sainte Vierge! 

 On sait bien que la sainte Vierge est la Reine du ciel et de la terre, mais elle st plus mère que rein, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu'elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de se enfants ! Moi, je pense tout le contraire, je pense qu'elle augmentera de beaucoup la gloire des élus. C'est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela, et si, dans un sermon, on est obligé du commencement à la fin de s'exclamer et de faire ; Ah! Ah! on en a assez !
Ce que la sainte Vierge a de plus que nous, c'est qu'elle ne pouvait pas pécher, qu'elle était exempte de la tâche originelle.
Mère chérie, dès ma tendre jeunesse
Ta douce image a su ravir mon cœur.
En ton regard je lisais la tendresse
Et près de toi je trouvais le bonheur.

De votre éclatante blancheur,
Ô douce et lumineuse étoile,
Quand donc verrai-je la splendeur ?

Ô Vierge immaculée, c'est toi ma douce Etoile,
Qui me donne Jésus, et vous êtes ma mère !

Marie, mon astre radieux,
Vous avez été ma lumière
Me protégeant du haut des cieux.

Et je voudrais à mon heure dernière
Que mon regard sur toi se fixe encore ! 

Toi qui viens me sourire au matin de ma vie,
Viens me sourire encore, mère , voici le soir !
 
 Le Rosaire 
Textes de Thérèse de Lisieux 
ISBN 2- 9520377-4-4 D.L mars 2005